Khazen

Joie belle


Jean-Paul II en compagnie des prélats qui ont concélébré la
messe avec lui. A ses côtés Mgr Boulos Matar, archevêque
maronite de Beyrouth. Plus de 1200 prêtres étaient présents.


L’arrivée triomphale de Sa Sainteté avec le cardinal Sfeir. La «papamobile» est recouverte de pétales de roses jaunes et blanches. Le Saint-Père a ouvert les fenêtres de son véhicule pour pouvoir saluer de plus près la foule.


Le président du Conseil, M. Rafic Hariri et son épouse Nazek qui ont suivi avec attention et émotion toute la cérémonie. Derrière eux M. Elie Ferzli, vice-président du parlement.


Le président de la République et Mme Elias Hraoui au cours de la messe. Une chaleur naturelle ajoutée à la chaleur de l’ambiance, ont fait «griller» les cœurs et… les têtes. Derrière eux, le ministre d’Etat M. Michel Eddé. «Désormais nous ne serons jamais plus les mêmes», ont dit les Libanais.


Le chef du Législatif M. Nabih Berri et son épouse Randa au cours de la messe.

“ASSALAM LAKOM”
Le dos tourné aux ruines du centre-ville, le Pape a salué les fidèles en leur lançant en arabe: “Assalam Lakom”. Après le mot de bienvenue du cardinal-patriarche Sfeir (publié in extenso plus loin). Le Pape a demandé aux Libanais de hâter la réconciliation, de l’achever, d’inaugurer une nouvelle page de l’Histoire du Liban. Jean-Paul II a, également, souligné que le Liban “pays biblique a eu le privilège extraordinaire d’avoir eu le Christ comme “premier évangélisa-teur”, ce pays ayant été pendant de très nombreuses années un modèle de convivialité et de co-existence. “Nous voulons dire au monde l’importance du Liban et l’importance de sa mission au long des siècles.”

JEAN-PAUL II: “LES SOUFFRANCES DES ANNÉES PASSÉES NE SERONT PAS VAINES”
Sur demande libanaise, Jean-Paul II a fait un ajout dans son homélie évoquant la question du Liban-Sud et la crise au Proche-Orient déclarant: “Parlant de Tyr et de Sidon, je ne peux omettre de mentionner les grandes souffrances que connaissent leurs populations. Je demande aujourd’hui à Jésus de mettre fin à ces douleurs. Et même j’implore de lui la grâce d’une paix juste et permanente au Proche-Orient dans le respect des droits et des aspirations de tous.” Soulignant que la messe est célébrée dans les ruines du cœur historique de Beyrouth, le Pape s’est déclaré convaincu “que les souffrances des années passées ne seront pas vaines”. “Elles fortifieront votre liberté et votre unité”, a-t-il dit. A la fin de la messe et avant de remettre le texte de l’exhortation apostolique aux patriarches, évêques, supérieurs et supérieures de congrégations religieuses et laïques, le secrétaire général au Liban, Mgr Cyrille Bustros, a lu de sa voix forte un texte retraçant les différentes phases du synode et exhortant les fidèles à se réjouir, déclenchant un tonnerre d’applaudissements. Le texte de l’exhortation, relié de cuir rouge, a ensuite été remis à ses destinataires. La messe est le point culminant, l’apothéose des 32 heures de la visite du Pape au Liban. Les gens ont les larmes aux yeux. Nombreux sont ceux qui ne veulent pas quitter la vaste esplanade, entonnent des chants et des cantiques. On entend souvent l’“Hosanna” du Dimanche des Rameaux. Au moment où le Pape dit: “Donnez-vous le salut de la Paix”… tout le monde obéit à cette invite et on voit pour la première fois des personnes émues qui saluent d’autres inconnues comme des frères. Ce sont les cœurs qu’a fait parler Jean-Paul II. Il est difficile devant une telle assemblée de penser que ces mêmes personnes ou des membres de leurs familles, de leurs clans se soient entretués au cours des précédentes années, d’un passé si proche et qui semble pourtant révolu.

NOTRE DAME DU LIBAN, SAINT MARON, SAINT CHARBEL ET SŒUR RAFKA
A la fin de la messe, Jean-Paul II qui voue une affection filiale à la Vierge Marie, lui adresse une prière ainsi qu’aux Saints du Liban: Saint Maron, Saint Charbel et la Bienheureuse Rafka. Jean-Paul II a, également, annoncé qu’il souhaitait pouvoir très prochainement béatifier le père Hardini, un moine et prêtre maronite du XIXe siècle, qui a occupé, entre autres, la fonction de maître de novices, parmi lesquels se trouvait Saint-Charbel. Il a imploré Notre-Dame du Liban à protéger les fils et les filles du Liban et demandé à la Vierge de “réconforter avec son affection maternelle les plus pauvres, ceux qui souffrent dans leur corps ou dans leur cœur, les prisonniers et les réfugiés.” “Notre-Dame du Liban veille sur le peuple tout entier qui vit sur cette terre si éprouvée. Le successeur de Pierre, venu ici porter à tous un message de foi et d’espérance, te le confie”. a poursuivi Jean-Paul II, souhaitant qu’“au seuil du nouveau millénaire, se réalisera la prophétie d’Isaïe: dans peu de temps, très peu de temps, le Liban se changera en verger, et le verger sera pareil à une grande forêt.” “Sainte Vierge, accorde à ce peuple aux antiques racines et pourtant toujours jeune qu’il reste le digne héritier de son illustre histoire qu’il bâtisse avec dynamisme son avenir, dans la dialogue entre tous, le respect mutuel entre les différents groupes, la concorde fraternelle. Reine de la paix, protège le Liban, Reine de la paix, nous te prions, écoute-nous.” a conclu le Souverain Pontife.

“LE LIBAN, LA PATRIE JUSTE DE TOUS LES LIBANAIS”
Le compte à rebours a commencé. Il ne reste pour le Saint-Père que sept heures avant de s’envoler pour Rome. Sept heures qui passent comme un rêve… Les gens sont nostalgiques. Ils ne quittent pas des yeux la “papamobile” qui s’éloigne. Ils sont émus, mais la joie est au cœur. Tous ont compris, ou du moins on l’espère, que “la coexistence est indispensable pour que le Libanais puisse vivre sa Foi”, qu’elle soit catholique, chrétienne ou musulmane. Un groupe de jeunes, parmi eux de nombreux scouts entonnent le chant des adieux, repris par le dernier carré des fidèles, tous fiers de pouvoir dire: “J’étais là…” “Oui nous nous reverrons mes frères ce n’est qu’un au-revoir…” (…) “Car Dieu qui nous voit tous ici saura nous réunir…”

M.A.Y.